La musique des femmes Touaregs

Au cœur du Sahara, la musique joue un rôle fondamental dans la culture du peuple Touareg. Si les hommes sont aujourd’hui très présents sur la scène musicale,
ce sont pourtant les femmes touarègues qui, historiquement, en sont les véritables gardiennes.

Dans les sociétés touarègues, organisées selon un système matrilinéaire, la femme est au centre de la vie sociale. Elle détient et transmet les biens,
possède la tente, et joue un rôle déterminant dans la conservation des traditions, y compris musicales.

Tindé et imzad : les instruments des femmes touarègues

Deux instruments emblématiques de la musique touarègue sont exclusivement réservés aux femmes : le tindé et l’imzad. Selon une ancienne croyance, les hommes ne doivent pas en jouer, sous peine de s’attirer une malédiction.

Le tindé, le tambour des fêtes

Le tindé est un tambour circulaire fabriqué à partir d’un mortier recouvert d’une peau de bouc. Cet instrument est temporaire : les femmes le construisent pour une occasion précise (fête, mariage, rassemblement), puis récupèrent le mortier après usage. Il est accompagné de chants féminins rythmés, formant un ensemble puissant et festif.

L’imzad, la voix du désert

L’imzad est une vièle à une corde tenue délicatement sur les genoux. Sa sonorité douce et vibrante est souvent décrite comme “une voix qui parle” – yantakq en tamasheq. L’instrument est composé d’une calebasse demi-sphérique, recouverte de peau, avec un manche en bois d’acacia ou de laurier rose, et une corde faite de crin de cheval.

Traditionnellement, l’imzad est joué par les femmes, accompagné des voix graves et récitées des hommes, dans un cadre intime ou cérémoniel.

L’arrivée de la guitare : une révolution musicale

Dans les années 1970, une nouvelle ère s’ouvre pour la musique touarègue avec l’arrivée de la guitare sèche, puis électrique, introduite principalement par les hommes. Cet instrument devient un symbole de résistance et d’expression identitaire pendant les périodes d’exil et de conflit.

Cependant, il faut attendre le XXIe siècle pour que les femmes prennent part à ce renouveau musical.

La musique des femmes touarègues est bien plus qu’une tradition : c’est une mémoire vivante, un lien entre les générations, une expression d’identité.
Du tindé vibrant aux sons délicats de l’imzad, ces instruments racontent l’histoire d’un peuple, ses luttes, ses fêtes et sa résilience.
Dans le Sahara, la voix des femmes continue de résonner, portée aujourd’hui par de nouvelles générations qui mêlent racines et modernité.