Touareg algérien

Terres Touareg

Le chèche, emblème de l’identité des “hommes bleus”

Dans les régions du Sahara et chez les Touareg, le chèche est le principal symbole culturel.


Qu’est-ce que le chèche et d’où vient-il ?

Le chèche donne l’apparence d’un voile et d’un turban. D’environ quatre à dix mètres de long, il est porté par les hommes Touareg. Son nom vient de l’ancienne ville de Chach en Ouzbékistan.
En langue Touareg et selon les tribus, il prend aussi parfois le nom de Tagelmust ou Litham. L’expression Kel Tagelmust, littéralement « ceux du voile » est souvent utilisée comme ethnonyme pour désigner le peuple touareg lui-même. Chez les hommes, l’accoutrement complet est constitué d’un sarouel, nommé ekerbey, d’une large gandoura souvent appelée erraoussei ou takakat et de sandales.
L’épée traditionnelle, la takoba, complète cette tenue emblématique.

Généralement, blanc, bleu ou noir, il peut être de différentes couleurs et deux ont une signification spéciale. Le blanc est porté en signe de respect ou pour un jour particulier, le bleu indigo (fait à partir de lin) pour les jours de fête et les jours de froid car il se révèle plus chaud que le chèche en coton. Sa teinture à base d’indigo tend à déteindre sur la peau, ce qui leur a valu, de la part des étrangers,
le surnom d’« homme bleu ». L’indigo est tiré des feuilles de l’indigotier. Il existe de nombreuses variétés présentes en Inde, au Moyen-Orient et en Afrique mais aucune ne pousse en Europe. La teinture à l’indigo est connue depuis la période néolithique. Dans les régions du Sahara, cette couleur est l’un des symboles de la noblesse en raison de son prix.

Us et coutumes du chèche

À l’origine, les hommes enroulent le tissu sur la tête et le visage selon des styles qui sont propres à chaque tribu et à chaque appartenance sociale. La sobriété des nobles contraste avec la surcharge ornementale ou l’exubérance des couleurs jugées plus populaires. Vers l’âge de 15 ans, le père décide en fonction de la croissance physique et mentale de son fils qu’il est temps pour lui de porter le chèche.
Une cérémonie conduite par l’imam ou le sage du village a lieu, durant laquelle le père lui offre son premier turban. À la fin de ce rite, le garçon entre dans la vie adulte, l’âge de la responsabilité.
Traditionnellement, l’homme ne quitte jamais son chèche même à table. Il le soulève de la main gauche et mange avec la main droite. Cette règle était encore respectée mais est démodée chez les plus jeunes.

Il est porté pour éloigner les mauvais esprits, tout en ayant l’effet pratique de protéger du soleil et du vent sec du désert. Le chèche sert également à dissimuler ses émotions. Sur la tête, il prouve la maturité.
Sur les yeux, il dissimule un regard trop insistant. Sur le nez, les odeurs incommodantes peuvent pousser à avoir des réactions déplacées. Sur la bouche, il est source de sagesse et freine l’usage de la parole. Aujourd’hui, le chèche s’est démocratisé en devenant un accessoire de mode existant dans de multiples couleurs et matières. À travers le monde, il est porté aussi bien par les femmes que par les hommes.